Joëlle Cordesse nous propose un paradigme : la langue à construire, avec d’autres, dans des situations d’invention-réinvention ; la langue à réélaborer par des sujets qui en saisissent (à tous les sens du terme) la portée symbolique. Elle nous offre le vrai moyen d’apprendre à parler des langues vivantes.
Extrait de la postface de Philippe Meirieu
« Toute langue est nôtre. Merci. » Cette émouvante déclaration spontanée d’un jeune élève de collège en conclusion d’une Rencontre de classes multilingues dit le renversement qu’il nous faut opérer dans nos têtes pour qu’enfin les langues des autres cessent de nous apparaître comme des territoires réservés, inaccessibles sans une longue et difficile initiation que seuls réussissent quelques-uns qui semblent avoir un « don », un « sens des langues », une « bonne oreille ». Le don des langues, ça s’apprend, par une pratique audacieuse de la polyglossie, dans une logique pédagogique qui prend le parti systématique de l’inclusion.
La sémiotique peircienne apporte les outils de formalisation d’une démarche de recherche et de formation, une théorie pratique de l’étrangeté.
Ce sont les conditions et les processus de l’évolution des langues, du langage et de la pensée, à l’échelle d’une personne, d’un groupe-classe ou d’un peuple, qu’elle permet ici de mettre en lumière.
L’expérience que décrit ce livre montre qu’il est possible d’enseigner les langues dans une perspective qui construise et entretienne la curiosité épistémologique plutôt que la timidité.
C’est une belle réussite de la part de Joëlle Cordesse que d’avoir ainsi rendu vivante et féconde la référence à Peirce, philosophe trop mal connu des linguistes. Dans une langue riche, avec un enthousiasme communicatif, elle fait partager à ses lecteurs la conviction que la classe de langue peut échapper à « une pédagogie de la connivence culturelle » et devenir l’occasion, pour des élèves passifs ou timorés, de « se vivre intelligents et créateurs ».
Extrait de la préface de Claudine Normand
Joëlle Cordesse est membre et responsable du Groupe français d’éducation nouvelle (GFEN), fondatrice du Secteur national Langue(s), membre actif du LIEN depuis sa fondation en 2000. Elle est à l’initiative des projets « Festa des langues » de Perpignan dans le cadre du réseau des Forums des Langues de France et a fondé le « Labo de Babel », projet associatif articulant les projets locaux à des projets de dimension nationale et internationale. Elle est aussi membre du collectif international fondé au Forum social européen de Malmö, 2008, « Learning to change the world ».
Agrégée d’anglais et docteur en sémiotique et communication, spécialiste de sémiotique peircienne, membre de l’Association française et internationale de Sémiotique, de l’Association de linguistes et anglicistes de l’enseignement supérieur, elle a été professeur d’anglais dans le secondaire et elle est actuellement chargée de cours à l’Université de Perpignan (logique méthodologique et logique de remédiation)