Élèves en décrochage scolaire, jeunes en rupture : voilà des catégories de population qui posent problème aux professionnels auxquels la société – les institutions, les pouvoirs politiques locaux ou nationaux – délègue la charge de les réinscrire dans une scolarité, dans une recherche d’emploi, dans une forme ou une autre de lien.
Depuis des années, des dispositifs, des structures, des mesures, des financements, ont été mis en place pour rendre possible cette mission : PAIO, missions locales, dispositifs d’insertion ou de retour en scolarité sous diverses appellations, microlycées, etc., ont pris leur place dans le paysage.
Des formations ont été organisées, destinées aux enseignants, aux éducateurs, aux travailleurs sociaux, aux personnels de santé, parfois aux policiers, aux juges ou aux élus, pour les outiller dans cette mission.
Parmi les obstacles sur lesquelles butent toutefois les professionnels, et qui pénalisent l’efficacité de leur travail, ils désignent l’insuffisance coordination, la concertation trop superficielle, et, au final, un certain isolement.
D’où le besoin, ressenti plus ou moins confusément, de chercher d’autres voies, plus collaboratives, plus interactives, reposant sur la conviction que la coordination ne suffit pas et qu’il convient de considérer qu’il s’agit d’un projet commun.
La première partie de cet ouvrage commence par rendre justice à toute une dynamique d’« individualisation » de la prise en charge des jeunes, en montrant à la fois ce qu’elle a autorisé ou rendu possible et les limites auxquelles elle conduit, faisant émerger le besoin d’un « en commun », dont les contours et la fécondité commencent à être précisés.
Construire un « en commun » suppose de faire tomber des murs entre les acteurs ; cela fait l’objet de la deuxième partie, qui montre ce que le raccrochage scolaire ou social des jeunes suppose pour les adultes qui les prennent en charge, et souligne à quel point un « en commun » est une condition d’une prise en charge des jeunes.
Tant pour ces derniers que pour les professionnels, il s’agit de redoutables défis, dont la troisième partie rend compte : accepter la confrontation, reconnaître les peurs que la construction d’un « en commun » fait naître, admettre un droit à l’erreur et constater qu’une fois surmontées les peurs cette construction sécurise.
La quatrième et dernière partie explore les voies du « changer ensemble », la prise en compte de l’engagement individuel et collectif dans des contextes différents, et montre les enjeux sociétaux qui sont ici présents.
Ce qui conduit à une conclusion mettant en évidence la dimension systémique du raccrochage et, entre autres, l’inattendue correspondance entre l’« en commun » des adultes prenant en charge les jeunes et l’« en commun » de ces jeunes en raccrochage.
Sous la direction de Dominique Glasman et Véronique Laforets
Mireille Baurens, maîtresse de conférences en anglais, université Grenoble-Alpes.
Christian Dupré, urbaniste, vice-président de l’association La Bouture.
Dominique Glasman, professeur de sociologie, université Savoie-Mont Blanc.
Véronique Laforets, docteure en sociologie, directrice de La Bouture.
Laura Noézian, professeur de sciences économiques et sociales au Clept, présidente de La Bouture.