La maladie d’Alzheimer concerne directement ou indirectement de plus en plus de personnes. Les symptômes qui la caractérisent - perte de la mémoire et du langage, modifications du comportement, effacement de la personnalité antérieure - cristallisent des questionnements sur la difficulté d’exister dans le monde.
Parler avec ces personnes, écouter ce qui ne sera que parcimonieusement livré, c’est recevoir l’expression d’un vécu douloureux, d’un questionnement obsédant sur les raisons de leur existence et sur le sens de toute destinée humaine. À travers les balbutiements, les “balourdises” comme ils s'en excusent parfois, s’échappent des mots et des phrases qui attirent l’attention.
En effet, malgré les perturbations du langage et de la communication, les propos tenus évoquent les préoccupations d’hommes et de femmes parvenus à la dernière étape de leur existence. L’inutilité de leur vie leur fait regretter les années de labeur, l’absence de leurs enfants ou de leurs parents les font pleurer sur l’abandon dont ils sont l’objet. Les souvenirs d’enfance sont davantage présents que la trace d’événements récents. Le temps du vieillir devient un temps d’expérience de renoncements successifs et de retour aux origines.
L’écoute attentive de ces malades met en évidence l’étrangeté et la poésie de certains messages. De ce fait, accompagner une personne souffrant de démence est de l’ordre d’une expérience du sentir et de l’ajustement à l’autre.
Cet ouvrage propose un parcours pour entrer dans l’univers de ces personnes afin d’établir une rencontre vraie et favoriser un ultime accompagnement.
Isabelle Vendeuvre-Bauters est orthophoniste, docteur en philosophie. Elle intervient, notamment, auprès de personnes âgées et assure des interventions auprès de professionnels en gériatrie. La thèse à l’origine de cet ouvrage a reçu le prix Médéric-Alzheimer. Cette approche humaniste permet d’introduire de la distance avec la souffrance et l’insupportable.